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Il
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Célibataire
Instructeur pilote de ligne
Aucun
Alberto Mendoza
Alberto Mendoza
Dim 3 Sep 2023 - 16:29

(tw accident de la route, mais rien de chaud)

Vendredi, 18h20, et Alberto est pris au piège dans les bouchons. La dixième minute passe. L’index tape nerveusement contre le volant, le visage est déformé par l’agacement. Frein, petite accélération, frein, et répétez le geste. Le regard d’abord atone et figé sur la longue colonne de véhicules divague doucement vers le portable émanant de la lumière. Il se penche pour essayer de voir le message d’un de ses collègues de travail : « Demain soir restau avec la famille, ça te dit ? » Les bouchons, les klaxons, et la lecture du sms suffisait pour faire gagner son corps en température. un problème à la fois. Mendoza a soudainement besoin d’air, alors il descend la vitre côté conducteur.

La famille.
La famille. Ils n’avaient absolument rien d’une famille. Aucun lien de sang dans cette école de pilote de ligne regorgeant d’instructeurs tordus, faux, certains avec des idéologies bien douteuses et où tous les coups sont permis pour prendre ses congés le premier. Sans compter sur la manière de s’exprimer au sujet de leur véritable famille. Des femmes qu’ils trompent, des belles mères qu’ils injurient dans leur dos jusqu’aux frères dont ils n'hésiteraient pas à ruiner.
La définition de famille dans ces deux contextes, n’était définitivement pas la même à ses yeux.
Le conducteur roule des yeux et souffle, exaspéré. « Je préfère encore aller voir mon urologue. » Portable entre les mains, il médite une réponse. Qu’est-ce qu’ils me font chier. Et texte rapidement car devant, ça avance ! « Non demuzn cest larrivz de mes cousines du Pérou que je n’aio pas vu depuis 5ans. » Mensonge : non seulement il se rendait à Lima chaque année, mais il donnait le maximum pour rendre visite à toute sa famille.
En résumé, ni cousine, ni mamie, ni tonton, ni qui que ce soit ne sera là demain.

Ses doigts se rabattent sur le volant qu’il guide d’une seule main. Le vent souffle sur ses cheveux mi-longs, qu’il vient finalement coincer entre ses lunettes de soleil pour ne pas gêner la visibilité. La route se fluidifie et Alberto roule enfin à une allure correcte.
Son téléphone signale une nouvelle notification, il s’autorise un petit coup d’oeil,
1,2,3, et 4 ce fut la seconde de trop ; dès l’instant où il relève la tête, il percute un.e automobiliste de plein fouet. Le scooter tombe sur la droite avec son conducteur.
Les roues crient sous le gros coup de frein.
Et silence.

Warning, frein à main, le grand brun quitte son véhicule et se précipite vers sa victime. Pourvu que ce ne soit rien de grave, pourvu qu’elle soit en vie. Les prières s'enchaînent à une allure folle, invoquant Dieu dans sa langue maternelle pour que tout aille bien. Le regard affolé s’attarde quelques secondes sur le moteur à deux roues hélas bien amoché.
Pourquoi lui, pourquoi maintenant. Tout ce qu’il voulait, c’était rentrer chez lui. Il était épuisé, il n’avait pas besoin de ça en plus. Bien qu’il ne roulait pas spécialement vite, il l’avait quand même percuté au point de lui faire manger le trottoir. Le péruvien s'accroupit à ses côtés sans lae toucher. Iel semble plus jeune. La culpabilité le ronge.
Merde alors, ça ne lui était encore jamais arrivé. « Je suis désolé ! Je suis désolé ! Est-ce que tu vas bien ? Tu as mal quelque part ? Hé, est-ce que tu m’entends ?! »

Il regarde autour de lui.
Il est un adulte responsable qui doit savoir quoi faire.
Normalement.