Faisant dos à l'entrée et aux baies vitrées qui longeaient le centre commercial, la silhouette de Liz était en face à face avec l'horizon. Droite et fixant les arrivées sur le parking à travers ses lunettes de soleil. Fidèle à son allure assurée, on ne pouvait ni deviner l'ennui de l'attente et le doute qui subsistait en elle. Sa venue dans les enseignes de luxe ne choquera personne, tant le passe temps est devenu assez régulier. Même en repartant les mains vides, Liz partage avec le reste de ses collègues et concurrents le goût des belles choses. Alors naturellement, les voir, les essayer, et repartir en prétextant qu'elle trouvera mieux ailleurs lui suffit amplement.
Heureusement pour elle, son budget lui permet - aujourd'hui comme bien d'autre fois - d'aller à la recherche de la pièce rare. Chérissant la superbe des choses uniques, Liz n'avait pas de mal à dépenser de grosses sommes dans l'objet singulier de son attention - puisqu'elle possédait déjà beaucoup.

Seulement, elle n'avait pas pour habitude d'être accompagnée par une autre personne que son mari, et à sa propre surprise, une personne d'en face - plutôt d'en bas. Il est clair qu'elle n'en avait pas touché un mot à l'inquisiteur lui faisant office de partenaire. Mais c'était sans réserve que deux entités rassemblées par des goûts et un œil affiné, avaient inévitablement commencé à échanger. Le tracas pour l'inévitable concurrence inculquée à chaque parti avait vite été mis de côté au profit d'un intérêt poussé, motivé mais difficilement expliqué.
Liz avait naturellement proposé à l'entité répondant au nom de Claudie Gallant de l'accompagner dans sa prochaine séance de dénichage de la perle rare en espérant élargir ses horizons vestimentaires. Bien entendu, il y avait encore plus à découvrir sous les habits qui faisaient leur enveloppe corporelle. Que ce soit ses goûts, en passant par d'autres détails qui composent Claudie et sa véritable identité ; ces questions laissaient Amara en attente.

Enfin, Claudie venait d'arriver. Liz l'accueillait immédiatement comme une vieille amie, passant ses bras par-dessus ses épaules pour une accolade.

« Claudie, je suis bien contente que tu sois venue ! »

Son sourire s'élargit au delà de la sincérité, puisque son jeu humain en société n'a que peu de retenue. Elle n'ose malgré tout pas s'avouer un enthousiasme authentique pour une balade entre les rayons, sans recevoir les plaintes habituelles de son mari ou devoir faire attention au regard des plus envieuses. Avec Claudie, pas de place pour ça. Elle en était presque sur la pointe des pieds avant de la guider à l'intérieur.

« Tu n'es jamais venue ici ? on peut commencer par où tu veux, le plus cher le mieux bien entendu. »

Malgré son rire un peu forcé, elle le pensait sincèrement.

« Oh il faut absolument que tu voies La Galerie qui est sur deux étages du centre commercial. C'est incroyable. Ils vendent même des bijoux à l'intérieur si ce genre de chose t'intéresse. Vraiment, il n'y a rien de mieux qu'essayer des vêtements et s'imaginer porter les accessoires qui vont avec. »

C'est sans trop se presser qu'elle avait engagé le pas en direction du magasin qu'elle tenait à lui montrer, le tout en espérant que Claudie l'accompagne à la même cadence - d'un pas déterminé.

« Au fait Claudie, tu es chic aujourd'hui. Où est-ce que tu trouves des pièces pareilles habituellement ? »